Appartenances & Indépendances
2023-09-25
Appartenances & indépendances
Résidence artistique auprès des agents de la ville de Saint-Denis avec le compositeur Nicolas Frize
L’objet de ce projet, initié par le compositeur Nicolas Frize, est une immersion artistique longue et exigeante au cœur des différents services de la ville, à destination de l’ensemble des personnels communaux, sociaux, éducatifs, techniques, culturels, administratifs....
Les agents, aux métiers et aux profils extrêmement variés forment une véritable communauté au service de la population et de l’intérêt général, même s’ils ne sont pas forcément tous reliés entre eux. Ensemble, ils travaillent à de très nombreux projets pour les habitants mais il est rare qu’un projet artistique s’adresse directement à eux et à leur environnement professionnel.
Les services municipaux de Saint-Denis deviennent les acteurs et les destinataires d’un processus artistique d’envergure qui se dirige lentement vers une œuvre musicale et graphique, qui verra le jour en octobre 2023, dans le centre ville.
Les collectifs en question, physiques ou symboliques
Cette nouvelle phase de résidence et de création se fait autour de la question des pairs : comment les individus se regroupent-ils et selon quelles modalités, géographiques, sociales, culturelles, affectives et surtout symboliques !? La société humaine se décompose en croisements, forme et déforme des ensembles et des sous-ensembles, des partis, des clans, des groupuscules, des familles… On y croise des affinités, des ressemblances et des rejets, on y rencontre des sélections choisies ou pas, fantasmées ou « naturelles », des fragilités et des rôles, des pouvoirs et des soumissions, des amours et des confusions… La discipline musicale en est un exemple révélateur, tant les esthétiques clivent et rassemblent tout en excluant, servant de fortes symboliques sociales, affectives, générationnelles et/ou économiques.
Un processus de travail
Cette thématique va se conduire en se superposant à une autre, celle du sens du service public : Nicolas Frize a choisi un terrain de recherche et de création au cœur du travail d’une part, d’autre part ce travail particulier des agents d’une ville qui gèrent les services à la population ! Ces services, gratuits, fabriquent-ils de la collectivité, de la vie commune, du sens commun, du désir, du débat ? C’est à dire construisent-ils des appartenances, des soutiens, des aides, qui rassemblent et font collectif et parallèlement permettent aux citoyens une indépendance, une autonomie, tout en luttant contre l’isolement… !?
Les espaces de travail, la temporalité des activités, en lien ou non avec la population, leur caractère visible ou invisible (travail prescrit et travail réel) sont l’objet de toutes les attentions
Comment la création musicale peut-elle traduire ces questions, elle qui divise toujours, elle qui discrimine les publics, tente toujours de les rassembler mais se heurte à la consommation de masse, avec ses références esthétiques écrasantes et stigmatisantes ? Les pratiques musicales et artistiques en général sont le lieu emblématique des dépendances et des isolements esthétiques.
Nicolas Frize s’est lancé dans un premier travail « d’anthropologie quotidienne » en menant un importante campagne d’entretiens (une centaine en 2022, autant à venir en 2023)…. Ces entretiens sont collectés, synthétisés, en vue de faire émerger une somme de pensées et de processus sur ces thèmes de l’appartenance et du désir – ou non - des autres. S’en suivront ensuite un processus de traduction et de transformation sensible pour alimenter une écriture musicale, une sorte d’expression sonore déroulant cette thématique. Il s’agit notamment d’un travail poussé sur la scénographie, sur la place de l’auditeur, sur la circulation des sons, sur le sens du propos ! Les agents sont dans toutes ces phases les co-acteurs de la création.
Il sera question « d’identité collective » (une ville ?) et « d’ identité individuelle » (des interprètes), des attachements et des accords, des émotions communes (l’intime peut-il être partagé ?), des mobilités de chacun dans la salle de concert, des sentiments de centre (ville) et de périphérie, d’intérieur et d’extérieur ! Toutes ces notions se traduisent dans une œuvre…
Les agents d’une ville agissent sur la liberté et l’émancipation des corps, à travers la santé, le sport, la jeunesse, les personnes âgées, la culture, l’accueil, l’habitat, le travail, la gestion de la nuit, de l’eau, des paysages…
Etre un seul corps (au service de tous, dans une unité symbolique) : un chœur, un orchestre
Etre des corps, sans disparaître derrière les fonctions, et faire jouer sa subjectivité : être un interprète singulier de son travail auprès de la population !
Un tel chantier apparaît sociologique, philosophique, anthropologique et musical à la fois, il repose avant tout sur une immersion artistique longue et exigeante dans un terrain social hétérogène.
Les liens de résidence
L’objectif d’une résidence c’est un travail à deux : ce n’est pas l’artiste qui réside, c’est tout le monde ! C’est le milieu ! C’est une immersion, un travail partagé, un projet commun.
Bien sur, cela commence par des rencontres, stimulées par le compositeur (réunions de service en amont, demandes d’entretiens, enregistrements des agents, mails de retour d’entretien), cela continue par des processus de maintenance d’information (des points d’étape de la résidence…). Mais la nécessité d’une œuvre qui se prétend ascendante, est de réussir les allers et retours, tant thématiques qu’organisationnels qu’artistiques : ainsi sont organisés des réunions collectives, des buffets, circulent entre les acteurs, des outils de liaison (intranet, affichettes, courriers, fleurs immortelles)…
Echéances et sédimentation
La résidence a débuté en juin 2022. Elle se déploie sur toute l’année 2023 pour se conclure par une création et des concerts qui auront lieu en centre ville au début de l’automne 2023 (date non définitive).
Tous les entretiens effectués (plus de 200 seront conduits) opèrent d’une double action : ils instruisent l’œuvre, et ils tissent un réseau « social » de l’œuvre : les 3000 agents de la ville de Saint-Denis sont potentiellement « partie prenante » de la création. Elle leur apparient, parle d’eux, les rassemblent, ils l’alimentent, y participent, la portent, l’entendent se construire, s’y investissent.
Résidence artistique auprès des agents de la ville de Saint-Denis avec le compositeur Nicolas Frize
L’objet de ce projet, initié par le compositeur Nicolas Frize, est une immersion artistique longue et exigeante au cœur des différents services de la ville, à destination de l’ensemble des personnels communaux, sociaux, éducatifs, techniques, culturels, administratifs....
Les agents, aux métiers et aux profils extrêmement variés forment une véritable communauté au service de la population et de l’intérêt général, même s’ils ne sont pas forcément tous reliés entre eux. Ensemble, ils travaillent à de très nombreux projets pour les habitants mais il est rare qu’un projet artistique s’adresse directement à eux et à leur environnement professionnel.
Les services municipaux de Saint-Denis deviennent les acteurs et les destinataires d’un processus artistique d’envergure qui se dirige lentement vers une œuvre musicale et graphique, qui verra le jour en octobre 2023, dans le centre ville.
Les collectifs en question, physiques ou symboliques
Cette nouvelle phase de résidence et de création se fait autour de la question des pairs : comment les individus se regroupent-ils et selon quelles modalités, géographiques, sociales, culturelles, affectives et surtout symboliques !? La société humaine se décompose en croisements, forme et déforme des ensembles et des sous-ensembles, des partis, des clans, des groupuscules, des familles… On y croise des affinités, des ressemblances et des rejets, on y rencontre des sélections choisies ou pas, fantasmées ou « naturelles », des fragilités et des rôles, des pouvoirs et des soumissions, des amours et des confusions… La discipline musicale en est un exemple révélateur, tant les esthétiques clivent et rassemblent tout en excluant, servant de fortes symboliques sociales, affectives, générationnelles et/ou économiques.
Un processus de travail
Cette thématique va se conduire en se superposant à une autre, celle du sens du service public : Nicolas Frize a choisi un terrain de recherche et de création au cœur du travail d’une part, d’autre part ce travail particulier des agents d’une ville qui gèrent les services à la population ! Ces services, gratuits, fabriquent-ils de la collectivité, de la vie commune, du sens commun, du désir, du débat ? C’est à dire construisent-ils des appartenances, des soutiens, des aides, qui rassemblent et font collectif et parallèlement permettent aux citoyens une indépendance, une autonomie, tout en luttant contre l’isolement… !?
Les espaces de travail, la temporalité des activités, en lien ou non avec la population, leur caractère visible ou invisible (travail prescrit et travail réel) sont l’objet de toutes les attentions
Comment la création musicale peut-elle traduire ces questions, elle qui divise toujours, elle qui discrimine les publics, tente toujours de les rassembler mais se heurte à la consommation de masse, avec ses références esthétiques écrasantes et stigmatisantes ? Les pratiques musicales et artistiques en général sont le lieu emblématique des dépendances et des isolements esthétiques.
Nicolas Frize s’est lancé dans un premier travail « d’anthropologie quotidienne » en menant un importante campagne d’entretiens (une centaine en 2022, autant à venir en 2023)…. Ces entretiens sont collectés, synthétisés, en vue de faire émerger une somme de pensées et de processus sur ces thèmes de l’appartenance et du désir – ou non - des autres. S’en suivront ensuite un processus de traduction et de transformation sensible pour alimenter une écriture musicale, une sorte d’expression sonore déroulant cette thématique. Il s’agit notamment d’un travail poussé sur la scénographie, sur la place de l’auditeur, sur la circulation des sons, sur le sens du propos ! Les agents sont dans toutes ces phases les co-acteurs de la création.
Il sera question « d’identité collective » (une ville ?) et « d’ identité individuelle » (des interprètes), des attachements et des accords, des émotions communes (l’intime peut-il être partagé ?), des mobilités de chacun dans la salle de concert, des sentiments de centre (ville) et de périphérie, d’intérieur et d’extérieur ! Toutes ces notions se traduisent dans une œuvre…
Les agents d’une ville agissent sur la liberté et l’émancipation des corps, à travers la santé, le sport, la jeunesse, les personnes âgées, la culture, l’accueil, l’habitat, le travail, la gestion de la nuit, de l’eau, des paysages…
Etre un seul corps (au service de tous, dans une unité symbolique) : un chœur, un orchestre
Etre des corps, sans disparaître derrière les fonctions, et faire jouer sa subjectivité : être un interprète singulier de son travail auprès de la population !
Un tel chantier apparaît sociologique, philosophique, anthropologique et musical à la fois, il repose avant tout sur une immersion artistique longue et exigeante dans un terrain social hétérogène.
Les liens de résidence
L’objectif d’une résidence c’est un travail à deux : ce n’est pas l’artiste qui réside, c’est tout le monde ! C’est le milieu ! C’est une immersion, un travail partagé, un projet commun.
Bien sur, cela commence par des rencontres, stimulées par le compositeur (réunions de service en amont, demandes d’entretiens, enregistrements des agents, mails de retour d’entretien), cela continue par des processus de maintenance d’information (des points d’étape de la résidence…). Mais la nécessité d’une œuvre qui se prétend ascendante, est de réussir les allers et retours, tant thématiques qu’organisationnels qu’artistiques : ainsi sont organisés des réunions collectives, des buffets, circulent entre les acteurs, des outils de liaison (intranet, affichettes, courriers, fleurs immortelles)…
Echéances et sédimentation
La résidence a débuté en juin 2022. Elle se déploie sur toute l’année 2023 pour se conclure par une création et des concerts qui auront lieu en centre ville au début de l’automne 2023 (date non définitive).
Tous les entretiens effectués (plus de 200 seront conduits) opèrent d’une double action : ils instruisent l’œuvre, et ils tissent un réseau « social » de l’œuvre : les 3000 agents de la ville de Saint-Denis sont potentiellement « partie prenante » de la création. Elle leur apparient, parle d’eux, les rassemblent, ils l’alimentent, y participent, la portent, l’entendent se construire, s’y investissent.
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