Le travail incarcéré
2012-05-08
éditions Syllepse
La prison n’est pas une île coupée du monde. Tout au contraire, elle constitue un véritable observatoire de questions communes à toute société, comme à tout individu.((readmore))
Loin de l’exotisme carcéral qui consiste à aborder le monde pénitentiaire en le déconnectant de son contexte, notre projet ici est bien celui d’une inversion des regards : que peuvent nous apprendre cette institution, et ceux qui y vivent, sur les évolutions sociétales et les enjeux de l’existence, de l’« être au monde » ?
Au-delà des tableaux saisissants régulièrement rapportés d’excursions au-dedans des enceintes pénitentiaires, il s’agit bien de reconnaître que la prison n’est qu’une excroissance de la société, sa reproduction exacerbée. Il n’y a pas de différence de nature entre ceux du dehors et ceux du dedans, entre des processus qui, derrière les murs, ne sont qu’accentués, amplifiés. C’est dans cette perspective que nous nous sommes engagés sur la piste du travail incarcéré. Qu’en est-il du travail en prison ?
L’attention portée à cette question est rare. Pourtant, elle ne peut être considérée comme anecdotique si on en juge par la place occupée par le travail dans notre vie et dans la construction du lien social. Si la prison semble quitter la place qu’elle occupe le plus souvent, celle des oubliettes d’antan, faisant l’objet de vives critiques et de propositions de réformes, elle reste toujours exposée au risque d’un retour aux coulisses.
Le travail, par contre, est au centre de préoccupations communes et de débats de plus en plus nombreux. Qu’il s’agisse de controverses autour de calcul des chiffres du chômage, de la réduction du temps de travail, ses modalités et ses effets, des transformations du travail dans un contexte de mondialisation, des liens entre formation et gestion prévisionnelle des emplois, de l’impact du travail sur la santé somatique et psychique… , le travail occupe le devant de la scène.
Parfois, d’ailleurs, pour contester la prédominance de la valeur travail dans nos sociétés, celle-ci laissant à la marge du social ceux qui en sont dépourvus et maintenant sous son emprise ceux qui craignent de le perdre. Le caractère aliénant du travail est aussi dénoncé, ce qui n’est pas sans rappeler le mouvement des années 70 sur le thème du « perdre sa vie à la gagner », ou ce précurseur de la contestation du travail, Paul Lafargue, gendre de Marx, qui dans son ouvrage au titre évocateur, Le droit à la paresse, évoque « cette étrange folie qui possède les classes ouvrières… le travail, le travail sacro-sanctifié ».
Loin de l’exotisme carcéral qui consiste à aborder le monde pénitentiaire en le déconnectant de son contexte, notre projet ici est bien celui d’une inversion des regards : que peuvent nous apprendre cette institution, et ceux qui y vivent, sur les évolutions sociétales et les enjeux de l’existence, de l’« être au monde » ?
Au-delà des tableaux saisissants régulièrement rapportés d’excursions au-dedans des enceintes pénitentiaires, il s’agit bien de reconnaître que la prison n’est qu’une excroissance de la société, sa reproduction exacerbée. Il n’y a pas de différence de nature entre ceux du dehors et ceux du dedans, entre des processus qui, derrière les murs, ne sont qu’accentués, amplifiés. C’est dans cette perspective que nous nous sommes engagés sur la piste du travail incarcéré. Qu’en est-il du travail en prison ?
L’attention portée à cette question est rare. Pourtant, elle ne peut être considérée comme anecdotique si on en juge par la place occupée par le travail dans notre vie et dans la construction du lien social. Si la prison semble quitter la place qu’elle occupe le plus souvent, celle des oubliettes d’antan, faisant l’objet de vives critiques et de propositions de réformes, elle reste toujours exposée au risque d’un retour aux coulisses.
Le travail, par contre, est au centre de préoccupations communes et de débats de plus en plus nombreux. Qu’il s’agisse de controverses autour de calcul des chiffres du chômage, de la réduction du temps de travail, ses modalités et ses effets, des transformations du travail dans un contexte de mondialisation, des liens entre formation et gestion prévisionnelle des emplois, de l’impact du travail sur la santé somatique et psychique… , le travail occupe le devant de la scène.
Parfois, d’ailleurs, pour contester la prédominance de la valeur travail dans nos sociétés, celle-ci laissant à la marge du social ceux qui en sont dépourvus et maintenant sous son emprise ceux qui craignent de le perdre. Le caractère aliénant du travail est aussi dénoncé, ce qui n’est pas sans rappeler le mouvement des années 70 sur le thème du « perdre sa vie à la gagner », ou ce précurseur de la contestation du travail, Paul Lafargue, gendre de Marx, qui dans son ouvrage au titre évocateur, Le droit à la paresse, évoque « cette étrange folie qui possède les classes ouvrières… le travail, le travail sacro-sanctifié ».
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