Du plus profond
Partition en neuf segments pour ensemble à 32 voix solistes et clarinettes, chœur d'enfants, violoncelle et basson, choeur d'adulte et ensemble de cuivres, guitare solo, ensemble de percussions, octuor vocal, duo vocal, tutti et liaisons musicales pour co
2000-01-01La Havane à Cuba : Basilique, Cloître et Place San Francisco de Asis, Bourse du Commerce, Embarcadère, Emicycle du Parlement, Casa de Obrapia… 1999 (4 concerts) 93 : Saint-Denis (autour du théâtre gérard-philipe) Clichy-sous-Bois (autour de l’espace 93) D
Réalisé avec 300 interprètes cubains (Clôture du Festival de Musique Contemporaine de l’Unéac) puis 300 interprètes français (3 villes de Seine-Saint-Denis)
Concerts promenade pour neuf partitions originales et sept liaisons musicales :
• segment 1 : pour d’une part l’ensemble vocal Soli Tutti dirigé par Denis Gautheyrie (Paris VIII), Pierre Lassailly, clarinette et Ghislain Hervet, clarinette basse, d’autre part le Chœur National de Cuba, dirigé par Digna Guerra, Vicente Monterrey, clarinette, Luis Quevedo, clarinette basse,
• segment 2 : pour grand chœur, Patrice Antonangelo et Bruno Krattli, trompettes, Jacques Peillon et Florent Barrois, cors, Jean-Jacques Herbin et Claude Remacle, trombones, Lilian Métayer et Thierry Debeaupte, tubas, une formation équivalente à Cuba, le rassemblement d’ensembles vocaux, d’étudiants de l’école pré-universitaire de San Antonio de Los Baños…,
• segment 3 : pour d’une part un chœur d’enfant issu de chorales de Drancy et de Clichy-sous-Bois dirigé par Guislaine Forestier, Alexandre Ouzounoff, basson et Frédéric Petit, violoncelle, d’autre part les enfants du Chœur National et de la Schola Cantorum « Coralina », dirigé par Mailan Avila Leyva, Alina Blanco, basson et Elizabeth Pestana, violoncelle,
• segment 4 : pièce électroacoustique en 8 pistes
• segment 5 : partition pour Hansel, Arocha, guitare solo,
• segment 6 : pour 15 percussionnistes, dont Izaskun Cruz, Neftali Aleman, Sébastian Quezada, Yuliet Abreu, Edgar Martinez, Fran Garcia, Ramon Lujan, Brigitte Charn, Cécile Bérard, Cyril Bazin, Margarita Ponce, Mehdi Bennacer, Redouane, Aoun, Vla Tuffa,
• segment 7 : pour duo vocal Cubain, Aïdan Vergara et Mighel Martinez
• segment 8 : pour l’ensemble vocal Catharsis,
• segment 9 : partition tutti, rassemblant l’ensemble des interprètes, ainsi que d’une part Arianne Granjon, violon et Lucie Jolivet, soprano, et d’autre part Michel Toll, flûte.
• liaisons musicales avec d’une part l’ensemble de Rémi Salaün (clarinettes), un ensemble de flûtes rassemblé par Patricia Kraeutler et Catherine Jean-Claude, un ensemble de percussions africaines autour de Yasid Hammaoui, Camille Gontier, cornemuse, un ensemble de ”sonos mobiles”, d’autre part un groupe de Troubadours Cubains…
Un concert en mouvement !
Au cœur de la ville et de ses espaces hétérogènes, neuf partitions s’enchaînent et s’entraînent, dans neuf lieux successifs, les unes à la suite des autres : une musique comme un collier de perles ! Une déambulation à l’intérieur d’une écriture musicale, au croisement de sons, de voix, de notes, de respirations, de bruits : le trajet des auditeurs se mêle à leur écoute, ils vont aux musiques, mentalement, physiquement.
Chaque partition dans un lieu singulier dure environ 10’. De l’une à l’autre, des paysages sonores accompagnent, entourent, accélèrent, rôdent ; c’est la présence du public qui leur donne du sens, ce dernier est leur événement, leur finalité.
« J’aime la matière, la pierre, le bois, le métal, les mots, ce qui sonne, l’eau, la poussière. Tout ce qui s’entend, bruyamment ou en silence, est pour moi de l’histoire ! La musique tend doucement à réinventer chaque fois cette histoire, à sa façon, en surface, en profondeur.
Depuis le début de ce projet entre Cuba et la France, je me bats avec moi-même, avec mon isolement culturel (ma prison ?), avec ma soif de rencontres (les rencontres ne se commandent pas), avec mon irrésistible passion pour l’écriture, qui entremêle le sens et la sensation, tentatives d’écriture sociale, esthétique, musicale, architecturale, philosophique, idéologique…
En allant à La Havane, je ne voulais pas être dans l’échange, encore moins dans l’exportation ou la diffusion : je rêvais d’un travail en commun, un espace de pensée collectif et ouvert avec tous, dans lequel une institution, un chanteur, un habitant anonyme, un enfant… seraient impliqués à égalité, se mettraient à produire des sons, à les écouter, à se poser des questions. Nous y sommes arrivés, à cette production commune, à ces idées et ces moyens rassemblés : au quotidien, d’incessantes questions esthétiques, sociales, économiques, humaines se sont posées et nous nous en sommes réjouis. Elles nous ont obligés souvent à renoncer à des réponses.
Chaque minute depuis un an et demi, il nous a fallu nous déterminer sur nos motivations, entre le loisir et le cadre professionnel, entre le désir et l’opportunité, entre la survie individuelle ou le chantier collectif, prendre goût à mêler le hasard et la nécessité, l’abstrait et le concret, l’écoute du quotidien et l’écoute de la musique, le près et le lointain…, jongler avec l’ordinaire et l’extraordinaire : car insuffler de façon volontariste et éphémère des moyens spécifiques et exceptionnels pour prouver que des choses sont possibles, ne prouve pas grand chose, si ces moyens sont matériels ; en revanche, s’ils sont humains, intellectuels et sensibles, au jour le jour et sans relâche, apportant leur complexité ou leur banalité extrêmes, ils nous offrent un ordinaire jubilatoire, projeté en avant.
La culture, c’est ce travail acharné que nous faisons inconsciemment et naturellement pour modeler les conditions de notre vie ordinaire : dans cette élaboration ”spontanée”, l’art qui surgit, s’impose ou se glisse par hasard apporte une pierre nouvelle, s’attelant à décoder, à nous rapprocher de l’inconnu, de l’étranger, à inventer, à chercher… L’art n’est pas un lieu de contemplation ou de consommation, il est un produit de travail, d’action, d’implication concrète. La création n’est pas un objet arrêté, c’est un sujet en mouvement.
En se retrouvant au concert, en partageant ainsi une perception, on invente un “lieu public”, un lieu politique, on s’oblige au débat, au rassemblement, on suscite des ”regards”, des critères d’adhésion ou de contestation esthétique, on fait jaillir le sens qui est là entre nous ; la perception, c’est un moment politique !
J’écris ”Du plus profond” comme une succession d’instants, à goûter ”sur place” : mais si je suis heureux de me laisser emporter physiquement dans les partitions successives et de m’abandonner dans les enchaînements, avec liquidité, je me prépare surtout au souvenir, et suis impatient de savoir comment sonnera demain, non plus chaque perle mais le collier tout entier, dans ma mémoire…
Les espaces et les sons n’existent pas pour se représenter eux-mêmes, nous les créons pour révéler les hommes ! »
Depuis toujours, Nicolas Frize s’est intéressé aux relations intimes possibles entre l’art et la vie quotidienne (l’un n’étant pas forcément au service de l’autre) : entre eux deux, une proximité sensible offre des contextes de création innovants, stimule la recherche et l’esthétique, interroge l’écriture et apporte des cadres culturels inédits, enfin, revêt une portée symbolique : la création n’est plus un objet arrêté, c’est un sujet (à tous les sens du terme) en mouvement.
a) Scénographie : le concert se présente comme une « promenade musicale », les auditeurs se déplacent le long d’espaces successifs : à Saint-Denis, le balcon, la scène, le parterre de la grande salle et la cafétéria au théâtre Gérard-Philipe, l’écran 3 (salle de cinéma attenante), le gymnase de l’école Jules-Vallès, le forum du collège Elsa-Triolet, l’église Saint-Denis de l’Estrée…, à Clichy-sous-Bois, la grande salle, la galerie et l’esplanade de l’Espace 93, la salle du conseil municipal, l’église Saint-Denis, l’Orangerie…, à Drancy, les deux grandes salles du Centre Culturel, sa remise, la salle hexagonale et la salle de danse de la Maison Orange, le marché couvert attenant… Certaines parties sont fixes, d’autres mobiles, le public est lui aussi décideur de sa place, en situation d’expérience personnelle, il évolue entre les sources, concevant son propre concert ; et la musique ne s’arrête jamais.
b) Propos musical : le concert est conçu comme un enchevêtrement de partitions distinctes, dédiées à des formations musicales originales : partition pour double chœur professionnel, clarinette et clarinette basse, partition pour grand chœur amateur et ensemble de cuivres, partition pour percussions et objets sonores, pièce électroacoustique, partition pour un duo vocal (enfant et personne âgée), partition pour guitare électrique, partition pour octuor vocal et final tutti… Entre ces 9 partitions, interprétées dans neuf lieux successifs de la ville, le public est ”entraîné” par des liaisons musicales, avec : un ensemble de clarinette, un ensemble de flûtes, une cornemuse, un groupe de percussions africaines, des sonos mobiles (haut-parleurs portés par des personnes)…
c) Interprètes : une cinquantaine de professionnels et à peu près 250 “non professionnels” (choristes et instrumentistes) sont impliqués dans l’interprétation de l’ensemble des pièces. Parmi les professionnels, vingt-quatre Cubains furent invités en France ensuite, en particulier l’octuor vocal Catarsis, un guitariste, 8 percussionnistes…
d) Mémoire sonore du monde du travail : courant 1999, le compositeur procède dans divers lieux de travail à des prises de son dans chacune des villes (divers usines de métallurgie, diverses coopératives, ateliers artisanaux… autour de La Havane, ateliers SNCF de la Plaine-Saint-Denis, Tri postal de Drancy, ateliers techniques et bureaux de la commune de Clichy-sous-Bois…). Ces enregistrements vont offrir la matière sonore première de la composition électroacoustique diffusée en multipistes le long du concert, contribuer d’autre part au travail de mémoire sonore que Nicolas Frize entreprend depuis plusieurs années en Seine-Saint-Denis.
e) Rencontres : le dispositif fut l’occasion de mettre en parallèle au travail musical, des séances de ”réflexions collectives”, en complicité avec les philosophes Jean-Marc Lachaud, Henri Maler, Emmanuel Renaud, Fernando Rojas…, à l’attention de tous les interprètes participants. Plusieurs thèmes de travail ont été choisis : ”Présent et représentation”, ”Centripète / centrifuge”… De la même façon à Cuba, lorsque la création fut montée en Octobre, un séminaire avait été mis en place, autour des thèmes du” Silence”, ”Pensée et action, ”Oral et écrit”.
f) Réalisations périphériques : un journal du projet accompagne tout le dispositif, composé de textes ou notes personnelles des participants, de documents collectifs divers (les intellectuels cubains et français participent activement à cette phase), de retranscriptions des débats…
Une commande photographique a été passée par le conseil général du 93 au photographe Bernard Baudin, afin qu’il suive toute l’expérience entre La Havane et la Seine-Saint-Denis. Une exposition en est née.
La communication s’est appuyée sur le travail de la peintre cubaine Flora Fong (cf. photo).
Une coproduction franco-cubaine réalisée grâce au soutien,
en France : du conseil général de Seine-Saint-Denis, de l’association Française d’Action Artistique, des villes de Saint-Denis, Clichy-sous-Bois et Drancy, des ministères des Affaires Étrangères, de la Culture (DRAC Ile-de-France et DDAT), de la Ville, de la préfecture du département, de la caisse des dépôts et consignations, de la Maison des Cultures du Monde, de la Sacem et de la Spédidam
à Cuba : du ministère de la Culture, de l’Institut de la Musique, de l’association Hermanos Saïs, des Jeunesses communistes, de l’Unéac, ainsi que des services culturels de l’Ambassade de France et de l’Alliance française.
Concerts promenade pour neuf partitions originales et sept liaisons musicales :
• segment 1 : pour d’une part l’ensemble vocal Soli Tutti dirigé par Denis Gautheyrie (Paris VIII), Pierre Lassailly, clarinette et Ghislain Hervet, clarinette basse, d’autre part le Chœur National de Cuba, dirigé par Digna Guerra, Vicente Monterrey, clarinette, Luis Quevedo, clarinette basse,
• segment 2 : pour grand chœur, Patrice Antonangelo et Bruno Krattli, trompettes, Jacques Peillon et Florent Barrois, cors, Jean-Jacques Herbin et Claude Remacle, trombones, Lilian Métayer et Thierry Debeaupte, tubas, une formation équivalente à Cuba, le rassemblement d’ensembles vocaux, d’étudiants de l’école pré-universitaire de San Antonio de Los Baños…,
• segment 3 : pour d’une part un chœur d’enfant issu de chorales de Drancy et de Clichy-sous-Bois dirigé par Guislaine Forestier, Alexandre Ouzounoff, basson et Frédéric Petit, violoncelle, d’autre part les enfants du Chœur National et de la Schola Cantorum « Coralina », dirigé par Mailan Avila Leyva, Alina Blanco, basson et Elizabeth Pestana, violoncelle,
• segment 4 : pièce électroacoustique en 8 pistes
• segment 5 : partition pour Hansel, Arocha, guitare solo,
• segment 6 : pour 15 percussionnistes, dont Izaskun Cruz, Neftali Aleman, Sébastian Quezada, Yuliet Abreu, Edgar Martinez, Fran Garcia, Ramon Lujan, Brigitte Charn, Cécile Bérard, Cyril Bazin, Margarita Ponce, Mehdi Bennacer, Redouane, Aoun, Vla Tuffa,
• segment 7 : pour duo vocal Cubain, Aïdan Vergara et Mighel Martinez
• segment 8 : pour l’ensemble vocal Catharsis,
• segment 9 : partition tutti, rassemblant l’ensemble des interprètes, ainsi que d’une part Arianne Granjon, violon et Lucie Jolivet, soprano, et d’autre part Michel Toll, flûte.
• liaisons musicales avec d’une part l’ensemble de Rémi Salaün (clarinettes), un ensemble de flûtes rassemblé par Patricia Kraeutler et Catherine Jean-Claude, un ensemble de percussions africaines autour de Yasid Hammaoui, Camille Gontier, cornemuse, un ensemble de ”sonos mobiles”, d’autre part un groupe de Troubadours Cubains…
Un concert en mouvement !
Au cœur de la ville et de ses espaces hétérogènes, neuf partitions s’enchaînent et s’entraînent, dans neuf lieux successifs, les unes à la suite des autres : une musique comme un collier de perles ! Une déambulation à l’intérieur d’une écriture musicale, au croisement de sons, de voix, de notes, de respirations, de bruits : le trajet des auditeurs se mêle à leur écoute, ils vont aux musiques, mentalement, physiquement.
Chaque partition dans un lieu singulier dure environ 10’. De l’une à l’autre, des paysages sonores accompagnent, entourent, accélèrent, rôdent ; c’est la présence du public qui leur donne du sens, ce dernier est leur événement, leur finalité.
« J’aime la matière, la pierre, le bois, le métal, les mots, ce qui sonne, l’eau, la poussière. Tout ce qui s’entend, bruyamment ou en silence, est pour moi de l’histoire ! La musique tend doucement à réinventer chaque fois cette histoire, à sa façon, en surface, en profondeur.
Depuis le début de ce projet entre Cuba et la France, je me bats avec moi-même, avec mon isolement culturel (ma prison ?), avec ma soif de rencontres (les rencontres ne se commandent pas), avec mon irrésistible passion pour l’écriture, qui entremêle le sens et la sensation, tentatives d’écriture sociale, esthétique, musicale, architecturale, philosophique, idéologique…
En allant à La Havane, je ne voulais pas être dans l’échange, encore moins dans l’exportation ou la diffusion : je rêvais d’un travail en commun, un espace de pensée collectif et ouvert avec tous, dans lequel une institution, un chanteur, un habitant anonyme, un enfant… seraient impliqués à égalité, se mettraient à produire des sons, à les écouter, à se poser des questions. Nous y sommes arrivés, à cette production commune, à ces idées et ces moyens rassemblés : au quotidien, d’incessantes questions esthétiques, sociales, économiques, humaines se sont posées et nous nous en sommes réjouis. Elles nous ont obligés souvent à renoncer à des réponses.
Chaque minute depuis un an et demi, il nous a fallu nous déterminer sur nos motivations, entre le loisir et le cadre professionnel, entre le désir et l’opportunité, entre la survie individuelle ou le chantier collectif, prendre goût à mêler le hasard et la nécessité, l’abstrait et le concret, l’écoute du quotidien et l’écoute de la musique, le près et le lointain…, jongler avec l’ordinaire et l’extraordinaire : car insuffler de façon volontariste et éphémère des moyens spécifiques et exceptionnels pour prouver que des choses sont possibles, ne prouve pas grand chose, si ces moyens sont matériels ; en revanche, s’ils sont humains, intellectuels et sensibles, au jour le jour et sans relâche, apportant leur complexité ou leur banalité extrêmes, ils nous offrent un ordinaire jubilatoire, projeté en avant.
La culture, c’est ce travail acharné que nous faisons inconsciemment et naturellement pour modeler les conditions de notre vie ordinaire : dans cette élaboration ”spontanée”, l’art qui surgit, s’impose ou se glisse par hasard apporte une pierre nouvelle, s’attelant à décoder, à nous rapprocher de l’inconnu, de l’étranger, à inventer, à chercher… L’art n’est pas un lieu de contemplation ou de consommation, il est un produit de travail, d’action, d’implication concrète. La création n’est pas un objet arrêté, c’est un sujet en mouvement.
En se retrouvant au concert, en partageant ainsi une perception, on invente un “lieu public”, un lieu politique, on s’oblige au débat, au rassemblement, on suscite des ”regards”, des critères d’adhésion ou de contestation esthétique, on fait jaillir le sens qui est là entre nous ; la perception, c’est un moment politique !
J’écris ”Du plus profond” comme une succession d’instants, à goûter ”sur place” : mais si je suis heureux de me laisser emporter physiquement dans les partitions successives et de m’abandonner dans les enchaînements, avec liquidité, je me prépare surtout au souvenir, et suis impatient de savoir comment sonnera demain, non plus chaque perle mais le collier tout entier, dans ma mémoire…
Les espaces et les sons n’existent pas pour se représenter eux-mêmes, nous les créons pour révéler les hommes ! »
Depuis toujours, Nicolas Frize s’est intéressé aux relations intimes possibles entre l’art et la vie quotidienne (l’un n’étant pas forcément au service de l’autre) : entre eux deux, une proximité sensible offre des contextes de création innovants, stimule la recherche et l’esthétique, interroge l’écriture et apporte des cadres culturels inédits, enfin, revêt une portée symbolique : la création n’est plus un objet arrêté, c’est un sujet (à tous les sens du terme) en mouvement.
a) Scénographie : le concert se présente comme une « promenade musicale », les auditeurs se déplacent le long d’espaces successifs : à Saint-Denis, le balcon, la scène, le parterre de la grande salle et la cafétéria au théâtre Gérard-Philipe, l’écran 3 (salle de cinéma attenante), le gymnase de l’école Jules-Vallès, le forum du collège Elsa-Triolet, l’église Saint-Denis de l’Estrée…, à Clichy-sous-Bois, la grande salle, la galerie et l’esplanade de l’Espace 93, la salle du conseil municipal, l’église Saint-Denis, l’Orangerie…, à Drancy, les deux grandes salles du Centre Culturel, sa remise, la salle hexagonale et la salle de danse de la Maison Orange, le marché couvert attenant… Certaines parties sont fixes, d’autres mobiles, le public est lui aussi décideur de sa place, en situation d’expérience personnelle, il évolue entre les sources, concevant son propre concert ; et la musique ne s’arrête jamais.
b) Propos musical : le concert est conçu comme un enchevêtrement de partitions distinctes, dédiées à des formations musicales originales : partition pour double chœur professionnel, clarinette et clarinette basse, partition pour grand chœur amateur et ensemble de cuivres, partition pour percussions et objets sonores, pièce électroacoustique, partition pour un duo vocal (enfant et personne âgée), partition pour guitare électrique, partition pour octuor vocal et final tutti… Entre ces 9 partitions, interprétées dans neuf lieux successifs de la ville, le public est ”entraîné” par des liaisons musicales, avec : un ensemble de clarinette, un ensemble de flûtes, une cornemuse, un groupe de percussions africaines, des sonos mobiles (haut-parleurs portés par des personnes)…
c) Interprètes : une cinquantaine de professionnels et à peu près 250 “non professionnels” (choristes et instrumentistes) sont impliqués dans l’interprétation de l’ensemble des pièces. Parmi les professionnels, vingt-quatre Cubains furent invités en France ensuite, en particulier l’octuor vocal Catarsis, un guitariste, 8 percussionnistes…
d) Mémoire sonore du monde du travail : courant 1999, le compositeur procède dans divers lieux de travail à des prises de son dans chacune des villes (divers usines de métallurgie, diverses coopératives, ateliers artisanaux… autour de La Havane, ateliers SNCF de la Plaine-Saint-Denis, Tri postal de Drancy, ateliers techniques et bureaux de la commune de Clichy-sous-Bois…). Ces enregistrements vont offrir la matière sonore première de la composition électroacoustique diffusée en multipistes le long du concert, contribuer d’autre part au travail de mémoire sonore que Nicolas Frize entreprend depuis plusieurs années en Seine-Saint-Denis.
e) Rencontres : le dispositif fut l’occasion de mettre en parallèle au travail musical, des séances de ”réflexions collectives”, en complicité avec les philosophes Jean-Marc Lachaud, Henri Maler, Emmanuel Renaud, Fernando Rojas…, à l’attention de tous les interprètes participants. Plusieurs thèmes de travail ont été choisis : ”Présent et représentation”, ”Centripète / centrifuge”… De la même façon à Cuba, lorsque la création fut montée en Octobre, un séminaire avait été mis en place, autour des thèmes du” Silence”, ”Pensée et action, ”Oral et écrit”.
f) Réalisations périphériques : un journal du projet accompagne tout le dispositif, composé de textes ou notes personnelles des participants, de documents collectifs divers (les intellectuels cubains et français participent activement à cette phase), de retranscriptions des débats…
Une commande photographique a été passée par le conseil général du 93 au photographe Bernard Baudin, afin qu’il suive toute l’expérience entre La Havane et la Seine-Saint-Denis. Une exposition en est née.
La communication s’est appuyée sur le travail de la peintre cubaine Flora Fong (cf. photo).
Une coproduction franco-cubaine réalisée grâce au soutien,
en France : du conseil général de Seine-Saint-Denis, de l’association Française d’Action Artistique, des villes de Saint-Denis, Clichy-sous-Bois et Drancy, des ministères des Affaires Étrangères, de la Culture (DRAC Ile-de-France et DDAT), de la Ville, de la préfecture du département, de la caisse des dépôts et consignations, de la Maison des Cultures du Monde, de la Sacem et de la Spédidam
à Cuba : du ministère de la Culture, de l’Institut de la Musique, de l’association Hermanos Saïs, des Jeunesses communistes, de l’Unéac, ainsi que des services culturels de l’Ambassade de France et de l’Alliance française.
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1987Avec les voix de C. Rich, Kriss, J. Artur, R. Gicquel, M. Morelli, J. Livchine, L. Badie…Œuvre multi-pistes commandée par le ministère de la...
Vous avez la ligne
1981Avec Béatrice Cramoix, soprano, Pierre Danais, ténor - mise en scène : Mireille LarrocheThème : le Réseau, espace de convivialité insolite dans...
La voix des Gens - La Voixthèque
1997Réalisation en parallèle d’une Voixthèque, mémoire sonore de 200 voix du nord de Paris, d’un ACR - Atelier de Création Radiophonique pour...
La voix des gens - Chronique musicale numéro 7
1997Chronique n° 7 Unitude - L’oreille multiple - Paysage dans la duréeJe me suis engagé une 1ère fois… Je n’aurai donc jamais fini !Faire...
La voix des gens - Chronique musicale numéro 6
1997Chronique n° 6 Multitude - L’oreille singulière - Paysage instantanéIl nous reste tant à ouïr !1 voix + 1 voix = 100 000 voix.Chacun de...
La voix des gens - Chronique musicale numéro 5
1997Chronique n° 5 - Déséquilibre et ordre- L’oreille Immobile - Paysage hors de la matièreLes voix volent, le son semble flotter, se fondre et...
La voix des gens - Chronique musicale numéro 4
1997Chronique n° 4 - Équilibre et désordre - L’oreille Mobile - Paysage dans la matièreAller au fond : le temps d’un questionnement sonore qui...
La voix des gens - Chronique musicale numéro 3
1996Chronique n° 3 - déclaration d’existence - l’oreille traversée - paysage dans le paysageDans une immense friche industrielle abandonnée,...
La voix des gens - Chronique musicale numéro 2
1996Chronique n°2 - exposé de l’altérité - l’oreille en dehors - paysage centripèteLes ressources sonores et donc musicales de l’organe vocal...
La voix des gens - Chronique musicale numéro 1
1996Chronique n°1 - prisme mobile - l’oreille en dedans - paysage centrifugeAu cœur de la voix, son corps.La matière, la couleur, la densité, la...
Tout contre
1993Cette partition est dédiée à l'univers urbain, à son environnement sonore, à ses mélanges, ses bruits témoins de ses richesses, ses échanges,...
Paroles de voitures
1984Cette pièce est écrite à partir des enregistrements de l’usine. Parmi la quasi totalité agressive et néfaste des bruits, parfois, perdus,...
Sur le bout de la langue
2016Première édition (2009) : Performance dans le cadre de la création de Nicolas Frize : Je ne sais pas…Dialogue entre neuf personnages parlant...
Conversations inouïes
2010Séance d’invitation à la peinture, au dessin et à la calligraphie abordés comme des “langues vivantes”. Une double interprétation...
La danse des traductions
2010Un présentateur fou introduit et commente des courts-métrages ou extraits de films projetés dans une salle de cinéma. La programmation mêle un...
Ecoute écoute (1)
2008Paysages transportés, forêt sonore, campagne urbaine et couleurs de ville, océan d’oiseaux et de cailloux, voix de silence et éclair de pluie,...
Petites vacances rue Watt
2005Création à partir d’œuvres personnelles et d’œuvres du répertoireAvec Muriel Ferraro (alto), Christophe Laporte (alto), Florian Westphal...
Une histoire de pigeons et de tourterelles
2002Une quarantaine d'enceintes acoustiques sont disposées autour de la Grande Halle, sur le périmètre extérieur, sous les retombées de la toiture...
Li(v)res en scène
2002Mise en scène à l’attention d’un auditoire préparé, de la lecture silencieuse et collective d’une œuvre littéraire choisie et projetée...
Le flux, la coupure et la suspension
1999Présentation dans quatre cafés de quatre villes du 93 d’un travail de quatre mois, comprenant la constitution d’une mémoire sonore de ces...
L'ouïe, le vide et la musique
1998Présentation musicale, sonore, visuelle… alternative le long d’un immense parcours souterrain, faisant suite à un atelier de recherche...
Révolution, je t'aime
1998Création « presque » spontanée pour un ensemble de douze instrumentistes et une foule pensante et chantante.Un hommage aux 30 ans de la Maison...
Champagne majeur
1991Conception pour le stand de France-musique d’un buffet Musical (enregistré), avec des interventions discontinues du choeur d'enfants et des...
Choeurs de Canal
1981Concert flottant ininterrompu : cinq heures de musique sur bande magnétique et vocale (80 choristes), de lumières, d’artifices, et d’animation...
Les maisons chantent
1981Musique en pistes
1979Ensemble d’œuvres sur bande, créées en multi-pistes, vocales et concrètes.Concert électroacoustique en haute montagne.La régie de...
Deux peintures de peintre
1977Première (et dernière) création exclusivement électronique de Nicolas Frize.réalisée lors d'une résidence de deux mois à la faculté de...
Vases communicants
1976Commande du conseil général de la Seine-Saint-Denis pour la cérémonie des voeux annuels : programme musical constitué de pièces musicales...
Elle s'écoule
2018Une création sur le thème du DESIR - aboutissement d'une résidence de deux ans avec une cinquantaine de jeunes et une trentaine d'interprètes...
être sujets dans son travail
2014Cette manifestation a été inaugurée à la Maison des Métallos (Paris 11e), les 19 et 20 avril 2012, une seconde édition a eu lieu les 23 et 25...
Fenêtres sur Fenêtres
2014L’association met en œuvre un projet d’envergure, sur le thème de la culture et du travail, associant l’établissement pénitentiaire de...
Le Philharmonique des mots
2010Cent « choristes », deux instrumentistes, un chef d’orchestre, une partition, un livret... et une salle.C’est la recette (culinaire) du «...
Dehors au dedans
2009Un ensemble constitué d’une chanteuse alto et d’une vingtaine de musiciens joue sur une scène éclairée par des petites lampes. Des sons...
Maintenant
2006Sur la résidenceA l'invitation de Radio grenouille, le compositeur Nicolas Frize "entre en résidence" à Marseille. Invité à partager sa méthode...
êtres
2006Une résidence simultanée dans 7 villesCe dispositif de création a offert six situations de résidence simultanées au compositeur Nicolas Frize et...
Nos yeux ont des reflets rouges
2002Inspiré du caractère et de la scénographie des opéras populaires de la période de la révolution culturelle chinoise. Avec Nathalie Barbey,...
Incidemment
1998Toute la relation qui va suivre (mais pas seulement elle, parlons aussi de la façon dont chacun advient mais plus encore, de la façon dont le...
T'entends ce que j'entends ?
1993Avec Marie-Claude Vallin, soprano, Jacqueline Cellier, soprano, Luisa Diez, alto, Gisèle Ergol, alto, Marie Valin, comédienne, Jean-Louis-Bindi,...
Passion profane
1991Partition montée avec une trentaine de détenus longues peines dans le cadre d’une résidence de cinq mois du compositeur dans l’établissement....
Composition française
1991Création sur les apports étrangers présents à travers les siècles dans la culture française : ici comme ailleurs, les notes savantes...
Que souffle la tempête
1989Commande de l'établissement public de Cergy-Pontoise, pour la commémoration de l'anniversaire de la Déclaration des droits de l'homme (création...
Manifeste musical
1989Production organisée en hommage à la Révolution Française, donnée de façon "sauvage" et spontanée, sans autorisation ni aide financièreLe...
Elle est belle
1985Mise en scène Jean-Louis Gros, scénographie Yves Cassagne, Livret de Mathilde La Bardonnie. Orchestre l'Ensemble 2E2M sous la direction de Paul...
Chœurs d'enfants - Marguerite et Boniface
1979« Marguerite et Boniface » à Créteil a marqué la clôture et une sorte d’aboutissement de cette série de créations pour grands chœurs.La...
Chœurs d'enfants - Norbert et Blandine
1978À l’occasion de sa création, l’Atelier Régional de Musique présente le travail que le compositeur Nicolas Frize, conseiller de l’Atelier, a...
Chœurs d'enfants - Léonard et Magali
1977Ce concert est l’aboutissement d’un travail vocal mené pendant deux mois d’animation et de répétitions dans trois écoles primaires de...
Grands chœurs d'enfants
1977Ce travail contient trois aspects :• Un propos pédagogique alimenté à la fois chez les enfants par la découverte de la musique contemporaine,...
Orphée, mettez-y du vôtre
1992Stéphanie Aubin
Dédicaces
1993Stéphanie Aubin
Nos images et les leur(res)
1990Stéphanie Aubin
Danse : Compagnie Red Notes
1981Route de Louvier-Juzon - Grande salle du centre Georges Pompidou (1986)En collaboration avec le GRCOP (Groupe de Recherche Chorégraphique de...
Danse - Cie L'esquisse
1986Derrière le mur - Festival d'Avignon, Cloître des Carmes (1986), Théâtre de l'Hotel de ville à Paris,, Théâtre Bunkamura, Tokyo (Japon),...
Danse : Centre chorégraphique de National de Basse-Normandie
1987Elul - Théâtre de CaenCréation pour l'Ensemble Instrumental de Basse-Normandie (flûte, hautbois, basson, cor, percussions, clavecin, violon,...
Danse : Compagnie
1976Chorégraphies pour Jacques PatarrozziAvec Jacques Patarozzi, Dana Sapiro, Malou Airaudo, Dominique Mercy, Héléna PikonThree - Présences - Quatre...